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Kamerun Une Guerre Cachee Aux
“Kamerun ! une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971” =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#content) ![Image 1: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun-192x300.jpg) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) “Kamerun ! une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971” ======================================================================== * 13/01/2011 De 1955 à 1962, la France a livré une guerre totale aux indépendantistes camerounais. Une véritable guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, à 5 000 km de la métropole, loin des regards d'une opinion fascinée par les _événements_ d'Algérie. Une guerre qui s'inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux[4](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-bottom-4-3243). Aujourd'hui encore, peu de Français savent que leur armée fut engagée pendant sept ans au Cameroun, pour éradiquer l'UPC, un mouvement _rebelle_. Une guerre que les autorités françaises persistent à nier, envers et contre tout. En visite à Yaoundé le 22 mai 2009, François Fillon, interrogé sur cette guerre, avait même osé affirmer : « _Je dénie absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun, tout cela c’est de la pure invention_ »[5](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-bottom-5-3243). En 750 pages, les trois auteurs mettent en pièce ce déni d’histoire. Le [site associé au livre](http://www.kamerun-lesite.com/) publiera progressivement des documents d’archives inédits, des extraits d’interviews de témoins et de responsables, politiques et militaires, camerounais et français, de cette guerre. A la suite de la présentation du livre, vous trouverez ci-dessous deux des sept parties constituant l'introduction : «Aux origines du système néocolonial français en Afrique» et «La France contre le Kamerun». ![Image 2: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun.jpg) **_Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971_ Manuel DOMERGUE, Jacob TATSITSA, Thomas DELTOMBE [1](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-bottom-1-3243) éd. [La Découverte](http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Kamerun___-9782707159137.html), 6 janvier 2011, 25 €, 744 pages ** Quatrième de couverture Pendant plus de quinze ans, de 1955 à 1971, la France a mené au Cameroun une guerre secrète. Une guerre coloniale, puis néocoloniale, qui a fait des dizaines de milliers de morts, peut-être davantage. Une guerre totalement effacée des histoires officielles. En France, où l’on enseigne toujours que la décolonisation de l’« Afrique française » fut exemplaire et pacifique. Et au Cameroun, où il est encore risqué aujourd’hui d’évoquer ce terrible conflit qui enfanta une redoutable dictature… C’est dire l’importance de ce livre, qui retrace l’histoire de la guerre menée par les autorités françaises contre l’Union des populations du Cameroun (UPC), le parti indépendantiste créé en 1948, et tous ceux pour qui la liberté et la justice s’incarnaient en un mot : « Kamerun ! ». Pendant quatre ans, les auteurs ont enquêté en France et au Cameroun. Ils ont retrouvé de nombreux témoins : militaires français et camerounais, combattants nationalistes, rescapés des massacres… Dans les archives, ils ont consulté des milliers de documents et fait d’étonnantes trouvailles. Ils racontent comment furent assassinés, un à un, les leaders de l’UPC : Ruben Um Nyobè en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Et ils montrent comment l’administration et l’armée françaises, avec leurs exécutants locaux, ont conduit pendant des années une effroyable répression : bombardements des populations, escadrons de la mort, lavage de cerveau, torture généralisée, etc. Plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun le 1er janvier 1960, cette histoire reste d’une brûlante actualité. Car c’est aussi celle de la naissance de la Françafrique, fruit du consensus colonial de la IVe République, puis de la diplomatie secrète de la Ve République. C’est l’histoire, enfin, d’un régime « ami de la France » en guerre perpétuelle contre son propre peuple : après vingt-deux ans de dictature sous Ahmadou Ahidjo et près de trois décennies de déliquescence sous Paul Biya, les Camerounais rêvent toujours d’indépendance et de démocratie. Aux origines du système néocolonial français en Afrique[2](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-bottom-2-3243) ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- La France, nul ne l’ignore, n’a pas quitté l’Afrique en octroyant l’indépendance à ses anciennes colonies. Elle est partie pour mieux rester. Pour rester cachée derrière des régimes qu’elle a elle-même installés, formés et consolidés, et qu’elle s’est arrangée à contrôler et à maintenir en place sur la longue durée. Des accords de coopération, civils et militaires, ont été signés entre ces partenaires inégaux pour moderniser, en les contractualisant, les liens de dépendance. Des accords de défense (largement secrets) ont également été paraphés pour permettre aux dirigeants des tout jeunes États indépendants de faire face aux menaces extérieures et, encore davantage, aux « troubles intérieurs » qui pourraient à l’avenir les faire vaciller et ainsi ébranler la nouvelle architecture de ce colonialisme réformé. Le Cameroun occupe une place particulière dans ce système néocolonial. Non seulement parce qu’il est le seul pays du « pré carré » français en Afrique à avoir connu une rébellion armée conséquente, sous l’impulsion de l’UPC, au moment de l’indépendance, mais également parce qu’il est le premier – si l’on met de côté le cas particulier de la Guinée d’Ahmed Sékou Touré – à accéder à l’indépendance, le 1er janvier 1960. Le Cameroun apparaît alors comme un pays pionnier. Premier pays du « champ » à avoir vu débarquer les « spécialistes » français de la guerre révolutionnaire, dès le milieu des années 1950, il est aussi le premier à se voir doté d’une armée nationale et à « bénéficier » de l’assistance militaire technique française. Cette dernière, activée le jourmême de la proclamation de l’indépendance, permet de poursuivre sans transition et, pour encore de longues années, les opérations militaires engagées contre la rébellion upéciste à l’ère du colonialisme direct, inaugurant dans le sang une longue série d’ingérences militaires françaises en Afrique. Né dans un contexte de guerre, c’est tout le régime du Cameroun « indépendant » qui a été imbibé par les modèles « contre-révolutionnaires ». Les doctrines françaises de contre-insurrection ont muté en système de gouvernement. Quelques mois après l’indépendance, tandis que les opérations de guerre se poursuivaient dans plusieurs régions du pays, une dictature implacable fut installée. Concentré dans les mains du président Ahmadou Ahidjo et de son entourage, mais appuyé par la « coopération » et l’« assistance technique » françaises, le pouvoir camerounais a recyclé les méthodes guerrières utilisées contre les maquis de l’UPC pour les appliquer à tous les « subversifs », c’est-à-dire à tous ceux qui contestaient, ou semblaient contester, les nouvelles autorités. La surveillance, l’endoctrinement et la répression des populations devinrent des habitudes. Et l’exception, la règle. Les Camerounais, qui s’étaient passionnés pour le projet émancipateur de l’UPC dans les années 1950, furent sommés de rejeter leurs « mauvais penchants » et de transférer leur enthousiasme sur le parti unique d’Ahmadou Ahidjo. Lequel, vampirisant l’héritage upéciste, s’octroya le titre de pionnier de l’indépendance… Purgé de ses éléments « subversifs », appelé à traquer en son sein la moindre « déviance », sommé quotidiennement d’oublier ses amours d’antan, le peuple camerounais ne put faire vivre son désir de liberté que dans la clandestinité, dans l’exil ou sur le mode du refoulement. Le même phénomène s’observe, au même moment, dans les autres pays africains du « pré carré » français. Partout s’installent des régimes à poigne, dont la pérennité est assurée par les accords de défense, de coopération et d’assistance technique auxquels leur parrain français les fait souscrire dès leur accession à l’indépendance, à l’époque exacte où se déroule la guerre du Cameroun. Profondément inspirés par les méthodes militaires de l’ex-métropole, ces nouveaux régimes reçurent pour mission, afin de sauvegarder les « intérêts français » sur le continent, de lutter sans relâche contre leurs ennemis intérieurs, réels ou potentiels, qu’on voulait croire inspirés par les puissances communistes ou, dans certains cas, anglo-saxonnes. C’est un officier du Centre militaire d’information et de documentation sur l’outre-mer (CMIDOM) qui explique le phénomène dans une étude confidentielle rédigée en 1973 : « Formées de personnels transférés de l’armée française, organisées sur le modèle de cette dernière et équipées de matériels cédés par la France, les armées des jeunes États indépendants constituent, au début, les seuls “outils” structurés à la disposition des gouvernants. Héritières en quelque sorte des Forces françaises outre-mer, elles en adoptent aussi une partie des missions traditionnelles, tout particulièrement préserver l’ordre politique et social (issu de l’indépendance) et être prêtes à faire face à la subversion et, éventuellement, à l’opposition politique. \[…\] Avec le temps, la véritable mission de ces armées va évoluer, l’ennemi à craindre étant plus au-dedans qu’au-dehors. Dans plusieurs pays, l’armée jouera un rôle capital dans la direction des affaires du pays. » Les processus que nous venons brièvement d’évoquer, la transmission au sein de l’armée française des savoir-faire contre-subversifs forgés au moment de la décolonisation, d’une part, et leur utilisation intensive et continue par des régimes africains vassalisés par la France, d’autre part, sont longtemps restés inconnus d’une opinion publique française qui se soucie fort peu du destin de l’Afrique et de la politique qu’y mènent ses gouvernants depuis des décennies. Ce silence entretenu et consenti est une des forces principales du néocolonialisme français en Afrique. La faiblesse des contre-feux et des procédures de contrôle a permis aux dirigeants français de faire passer les dictateurs « amis de la France » pour de fins démocrates, dont les excès de zèle répressif, parfois trop voyants, ne pourraient s’expliquer que par une incorrigible « nature africaine » et par la regrettable inaptitude de leurs peuples à entrer de plain-pied « dans l’Histoire ». Ces arguments ont permis – et permettent encore – à une partie des classes dirigeantes hexagonales de conserver des « liens privilégiés », ô combien rémunérateurs, avec bon nombre de dictateurs, de tortionnaires et de criminels de guerre formés à l’« école française ». Le silence, cependant, a été partiellement brisé au début des années 1990. D’abord parce que, à la faveur de la fin de la guerre froide, les peuples africains ont saisi l’opportunité pour faire entendre leur colère. Ensuite parce qu’il y a eu le génocide des Tutsis du Rwanda, en 1994, derrière lequel on n’a pas tardé à découvrir de graves complicités françaises. Enfin, parce que des militants, des journalistes et des chercheurs se sont penchés et mobilisés en France pour dévoiler la face cachée de la politique africaine de la France. C’est ainsi que François-Xavier Verschave, président de l’association Survie de 1995 jusqu’à sa mort en 2005, popularisera – le « salopard » !… – le concept de « Françafrique » pour décrire les relations occultes et malsaines entretenues entre dirigeants français et africains. C’est ainsi également que des journalistes ou des chercheurs comme Patrick de Saint-Exupéry, David Servenay ou Gabriel Périès exhumèrent les canaux de transmission qui permirent aux génocidaires rwandais de bénéficier de la part de la France non seulement d’armes, d’appuis logistiques, de soutien moral et politique, mais également de formations auxméthodes d’éradication de l’« ennemi intérieur » forgées et diffusées depuis la période de décolonisation par les autorités politiques et militaires françaises. « Nous avons instruit les tueurs, écrira ainsi le journaliste Patrick de Saint-Exupéry. Nous leur avons fourni la technologie : notre “théorie”. Nous leur avons fourni la méthodologie : notre “doctrine”. Nous avons appliqué au Rwanda un vieux concept tiré de notre histoire d’empire. De nos guerres coloniales. » La France contre le Kamerun[3](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-bottom-3-3243) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Il ne s’agit en aucune façon ici de refaire toute l’histoire du Cameroun. Nous cherchons plutôt à comprendre pourquoi les responsables français, de la IVe puis de la Ve République, avant comme après l’octroi de l’indépendance du pays, se sont lancés dans une répression aussi féroce. C’est ce contexte qu’il convient en préalable de brosser à grands traits, tout en présentant l’organisation que nous avons retenue pour ce livre, structuré en quatre séquences chronologiques : 1945-1954, 1955-1958, 1959-1960, 1961-1971. La raison principale de la hargne française s’appelle, on l’a dit, l’UPC. Créée en 1948 à Douala par quelques « indigènes évolués », comme on les désignait alors, l’UPC constitue dès le départ un des défis les plus sérieux au colonialisme français en Afrique. Elle réclame d’abord la justice, la dignité et l’égalité pour les « indigènes » trop longtemps martyrisés, exploités, abusés. Elle demande aussi la réunification du pays que se sont partagé les Français et les Britanniques, par le truchement de la Société des nations (SDN) après la défaite allemande en 1916, puis celui de l’ONU. S’appuyant sur le statut international du Cameroun qui en fait, avec le Togo, un Territoire à part au sein de l’Empire français, l’UPC exige surtout l’indépendance : affront insupportable pour les Français qui, contrairement aux Britanniques, n’ont aucune intention de lâcher du lest. Malgré les belles paroles du général de Gaulle à Brazzaville en janvier 1944, ils comptent bien s’agripper à leurs « possessions » d’outre-mer pour redorer le blason tricolore, assurer la défense nationale et faire quelques menus profits. Épine dans le pied des colons français, l’UPC se refuse, au contraire d’autres mouvements nationalistes africains, à tout compromis. Sa popularité se consolide, ses mots d’ordre se diffusent dans tout le pays. Elle risque même de faire tache d’huile à travers le continent. La répression française, qui n’est pas d’abord militaire, se durcit. En vain (première partie). Paris envoie alors, pour se maintenir à Yaoundé, des Hauts Commissaires à poigne. Roland Pré d’abord, un ancien de la Résistance française contre le nazisme, qui voit des communistes partout. Il engage l’épreuve de force en mai 1955 et fait interdire l’UPC. Pierre Messmer ensuite, réputé libéral, mais qui ne craint pas lui non plus de faire couler le sang. Les nationalistes camerounais maintiennent le cap. Dans la clandestinité, le programme – indépendance, réunification, justice sociale – est maintenu. Et s’incarne dans un mot : Kamerun ! Pied de nez aux Français, l’UPC brandit le nom que leurs ennemis héréditaires, les Allemands, avaient donné à ce pays quelques décennies plus tôt, avant son partage entre le Cameroun français et le Cameroon britannique. Pour les Camerounais, le mot devient slogan. Plus qu’un programme, c’est un esprit : celui de la résistance. La France n’y tient plus. Elle frappe, elle tue, elle enferme : en Sanaga-Maritime, mais aussi dans la région que le colonialisme appelle « Bamiléké ». Ses soldats s’y livrent à la torture systématique, pour obtenir des renseignements et semer la terreur. La France veut étouffer l’espoir : Ruben Um Nyobè, leader exemplaire du mouvement nationaliste, est assassiné en 1958 dans les maquis de Sanaga-Maritime (deuxième partie). Le Cameroun devra suivre le chemin tracé par Houphouët-Boigny en Côte-d’Ivoire et non celui de Sékou Touré en Guinée. Croyant avoir gagné, ou cherchant à hâter sa victoire en leurrant les Camerounais, la France prépare l’accession du pays à une « indépendance » qu’elle s’ingénie au préalable à vider de son contenu. Elle a trouvé en Ahmadou Ahidjo, un petit homme du nord du pays, le polichinelle idéal pour créer l’illusion. La flamme « kamerunaise » résiste encore, pourtant, quoique difficilement. En Sanaga-Maritime, la mort d’Um a presque atteint son objectif. Mais la résistance se poursuit dans cette région aussi, comme dans les régions de Yaoundé, de Douala et du Mungo. C’est surtout dans la région Bamiléké, l’Ouest-Cameroun, que les combats sont les plus acharnés. Entrées en dissidence, les populations de la région participent massivement à l’insurrection. Les autorités françaises, qui ne sont théoriquement plus « chez elles » depuis le 1er janvier 1960, optent alors pour les représailles collectives : les bombardements aveugles sur des villages entiers. C’est la « guerre totale », l’hécatombe. En exil forcé, au Caire, en Guinée, au Ghana, Félix Moumié, président de l’UPC, tente de trouver des soutiens étrangers et d’alerter une opinion internationale, française en particulier, aveuglée par les éclats meurtriers de la guerre d’Algérie. En novembre 1960, les services secrets français dénicheront à Genève une bonne adresse et un bon cocktail, pour lui faire passer l’envie de protester (troisième partie). Maintenant que ses parrains français ont éliminé ses deux principaux rivaux, Um Nyobè et Moumié, et écrasé la « révolte bamiléké », le « fantoche » Ahmadou Ahidjo peut lever les bras en signe de victoire. La France de Charles de Gaulle et de Jacques Foccart prend toutes les dispositions utiles pour assurer sa longévité. À Yaoundé, les méthodes élaborées pour faire la guerre à l’UPC se transforment en mode de gouvernement. Comme dans les autres pays d’Afrique francophone, l’« indépendance » a enfanté une coriace dictature : une façade derrière laquelle l’ancienne puissance coloniale peut discrètement manoeuvrer. Revenu clandestinement d’exil, Ernest Ouandié, vice-président de l’UPC, cherche vaillamment à rallumer la flamme et à secouer cet état de fait. Mais le contexte est défavorable. À l’intérieur du Cameroun, le contrôle des populations par les forces gouvernementales est maintenant trop serré. Les militants kamerunais s’épuisent. À l’étranger, les soutiens potentiels ont déserté : ils se passionnent maintenant pour le Congo-Léopoldville et les colonies portugaises, ils se mobilisent pour le Viêt-nam… et en oublient les « causes perdues ». Ouandié, de plus en plus isolé, perd le contact avec ses amis exilés. Les tentatives de « deuxième front », lancées depuis le Congo-Brazzaville, échouent lamentablement. Début 1971, Ouandié est fusillé en public par un peloton d’exécution. Le Kamerun a vécu, la Françafrique triomphe (quatrième partie). [![Image 3: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun.jpg) 1. Les auteurs : Thomas Deltombe, journaliste indépendant, est l’auteur de _L‘islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_ (La Découverte, 2005). Manuel Domergue est journaliste au magazine _Alternatives économiques_. Jacob Tatsitsa, enseignant, est doctorant en histoire à l’université de Yaoundé-I.[](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-1-3243) 2. _Kamerun !_, pages 14-16.[](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-2-3243) 3. _Kamerun !_, pages 26-28.[](https://histoirecoloniale.net/kamerun-une-guerre-cachee-aux/#easy-footnote-3-3243) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [Françafrique](https://histoirecoloniale.net/tag/francafrique/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Livre](https://histoirecoloniale.net/tag/livre/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) Voir la présentation du livre par David Servenay sur Rue89 : «[Cameroun 1955-1962 : la guerre cachée de la France en Afrique](http://www.rue89.com/2011/01/01/cameroun-1955-1962-la-guerre-cachee-de-la-france-en-afrique-183142)» . Référence : http://www.gouvernement.fr/premier-ministre/conference-de-presse-du-premier-ministre-au-cameroun Les auteurs : Thomas Deltombe, journaliste indépendant, est l’auteur de _L‘islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_ (La Découverte, 2005). Manuel Domergue est journaliste au magazine _Alternatives économiques_. Jacob Tatsitsa, enseignant, est doctorant en histoire à l’université de Yaoundé-I. _Kamerun !_, pages 14-16. _Kamerun !_, pages 26-28.
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
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Blast Pierre Messmer Heros En France Bourreau Au Cameroun
Blast : « Pierre Messmer, héros en France, bourreau au Cameroun » =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/blast-pierre-messmer-heros-en-france-bourreau-au-cameroun/#content) ![Image 1](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2024/04/Messmer-300x251.png) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) Blast : « Pierre Messmer, héros en France, bourreau au Cameroun » ================================================================= * 01/05/2024 **Pierre Messmer (1916-2007), est connu comme ancien Premier ministre, mais il a eu auparavant un parcours de militaire et de baron du gaullisme. Ayant commencé sa carrière dans les combats de la France Libre contre les armées allemandes en Afrique, il a combattu dans les guerres d’Indochine et d’Algérie, et, s’il n’a pas suivi **dans les années 1960** ceux qui ont rallié le Putsch des généraux à Alger et le combat de l’OAS, ****il a incarné**** toutes les opérations contestables de l’armée française au Cameroun et ailleurs.** **Il a notamment autorisé la formation de militaires sud-américains par des officiers français aux diverses techniques de [contre-insurrection](https://fr.wikipedia.org/wiki/Contre-insurrection) expérimentées en [Algérie](https://fr.wikipedia.org/wiki/Alg%C3%A9rie) et d’emploi de la torture dans la lutte contre des mouvements révolutionnaires ou clandestins. Il a accepté ensuite de parler à la journaliste Marie-Monique Robin de ce épisode. Et il a aussi organisé l’installation de Français métropolitains en Nouvelle Calédonie pour faire obstacle aux vélléïtés d’indépendance des Kanak.** **Ci-dessous la présentation par Blast d’une vidéo qu’il a consacrée à Pierre Messmer et à son rôle dans la guerre coloniale sanglante au Cameroun.** * * * « Bienvenue pour ce nouvel épisode. On a décidé de vous parler d’une facette de l’histoire de la France qu’on n’avait pas encore abordée jusqu’ici : la colonisation. Alors on s’est demandé : de qui vous parler pour évoquer la colonisation ? De Gaulle, qui était au pouvoir pendant les décolonisations ? Nous avons reconnu à ceux qui dépendaient de nous le droit de disposer d’eux mêmes. Ou sinon, on aurait pu vous parler de Jacques Foccart, le mystérieux Monsieur Afrique de la Cinquième République. Mais non, on a choisi de vous parler d’une figure plus inattendue peut-être, Pierre Messmer. Et je vous vois venir, non, ce n’est pas un hypnotiseur. Enfin si, mais ce n’est pas lui dont on va parler ». **Blast** * * * Lire aussi sur notre site ------------------------- • [Nouvelle Calédonie : le rêve de Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/nouvelle-caledonie-le-reve-de/) * * * * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [Colonialisme](https://histoirecoloniale.net/tag/colonialisme/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-messmer/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
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Il Y A Cinquante Ans Ruben Um
13 septembre 1958, Ruben Um Nyobè assassiné =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#content) ![Image 1: ruben_um_nyobe.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2008/09/ruben_um_nyobe.jpg) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobè assassiné =========================================== * 26/09/2008 Les Français ignorent souvent les circonstances dans lesquelles le Cameroun est devenu indépendant en 1960. Dans les années 1950, l’UPC (Union des populations du Cameroun), dirigée par Ruben Um Nyobé, bénéficiait d'un fort soutien populaire. Um Nyobé ira jusqu'à la tribune des Nations unies exprimer l’aspiration à l’indépendance de son pays. Mais la France dissout son parti en 1955 et en pourchasse les militants. En 1958, il est assassiné. La répression contre l’UPC est d’une extrême violence : torture, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements. Le 1er janvier 1960, le pays accède à l’indépendance sous la férule du président Ahmadou Ahidjo (1960-1982). Malgré les persécutions, l’UPC poursuit son combat -- contre le régime Ahidjo. Epaulées par l’armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des dizaines de milliers de victimes seront nécessaires pour venir à bout de l’opposition. Depuis 1982, un autre dictateur, Paul Biya, règne sur le Cameroun... avec le soutien de la France. Deux journalistes, Thomas Deltombe et Fanny Pigeaud, évoquent ce « trou de mémoire » de la décolonisation, devenu un véritable enjeu de mémoire pour les Camerounais. ![Image 2: ruben_um_nyobe.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2008/09/ruben_um_nyobe.jpg) Cameroun, il y a cinquante ans, l’assassinat de Ruben Um Nyobè -------------------------------------------------------------- par Thomas Deltombe[1](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-1-2465) Le 13 septembre 1958, il y a cinquante ans, était tué Ruben Um Nyobè. C’est dans une forêt de Sanaga Maritime, dans le sud du Cameroun, qu’une patrouille française qui traquait depuis des mois le secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun (UPC) repérera son objectif. Et l’abattit comme un animal sauvage. Son corps fut traîné jusqu’au chef-lieu de la région, où il fut exhibé, défiguré, profané. _« Le Dieu qui s’était trompé »_ est mort, annoncera triomphalement un tract tiré à des milliers d’exemplaires. Le corps de Ruben Um Nyobè fut coulé dans un bloc de béton[2](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-2-2465). Cinquante ans après son assassinat, le nom de Ruben Um Nyobè est presque oublié en France. Au Cameroun, en revanche, il reste l’objet d’une immense admiration. Mais cette admiration populaire est restée longtemps contrariée, toute référence à Um Nyobè et à son parti, l’UPC, ayant été interdite par la dictature d’Ahmadou Ahidjo mise en place en 1960 avec le soutien de l’ancienne métropole. La moindre évocation de Um Nyobè était considérée par le pouvoir en place comme « subversive » et sévèrement réprimée. Sa mémoire ne put être perpétuée que dans la clandestinité ou dans l’exil. D’une certaine manière, le pouvoir camerounais, et ses parrains français, avaient raison de se méfier du souvenir de celui qui était appelé _Mpodol_ (« celui qui porte la parole des siens », selon la traduction du grand spécialiste de cette phase de la décolonisation camerounaise, Achille Mbembe). Car, comme l’écrivait en 1975 une militante française qui fut une de ces correspondantes régulières à Paris dans les années 1950, _« ce leader révolutionnaire avait des qualités humaines hors série, celle que l’on retrouve chez les saints, chez un Gandhi par exemple. L’exemplarité de sa vie, la pureté de ses intentions, le rayonnement de sa personnalité pourraient suffire à perpétuer sa mémoire »_[3](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-3-2465). Ruben Um Nyobè était en somme la figure inversée de ceux qui, après sa mort, prirent le pouvoir au Cameroun. Um Nyobè est né en 1913 près de Boumnyebel (Sanaga Maritime). Le Cameroun est alors une colonie allemande, qui ne deviendra un territoire sous mandat de la Société des nations (SDN) confié en partage à la France et au Royaume-Uni qu’au sortir de la première guerre mondiale. Eduqué dans les milieux protestants, il devient fonctionnaire et s’intéresse assez tôt à la politique. Il s’engage à la fin des années 1930 dans la Jeunesse camerounaise française (JEUCAFRA), une organisation mise sur pied par l’administration française pour fédérer les élites contre la propagande nazie, avant de prendre part, à la fin de la seconde guerre mondiale, au Cercle d’études marxistes – lancé à Yaoundé par le syndicaliste français Gaston Donnat – qui allait devenir une véritable pépinière du nationalisme camerounais[4](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-4-2465). D’abord responsable syndical, Um Nyobè est ensuite désigné secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun constituée à Douala en avril 1948. L’heure n’est plus, dira-t-il plus tard, simplement de _« s’opposer à l’hitlérisme comme en 1939, mais au colonialisme tout court »_[5](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-5-2465). C’est pour défendre cet objectif, articulant intimement progrès social et économique, indépendance pleine et entière, et réunification des Cameroun britannique et français, qu’Um Nyobè engage toutes ses forces en tant que secrétaire général de l’UPC. Inlassablement, pendant les dix dernières années de sa vie, de 1948 à 1958, il réaffirme ces trois principes sur toutes les tribunes et dans tous les journaux. Petit homme modeste, ascétique et d’une étonnante rigueur intellectuelle et morale, il dénonce infatigablement le sort misérable réservé aux « indigènes », les manœuvres des milieux colonialistes, ainsi que la bassesse et la corruption de ceux de ses compatriotes qui préfèrent faire le jeu de l’adversaire plutôt que de s’engager dans la lutte pour la souveraineté nationale et la justice sociale. Plus exceptionnelle encore est sa capacité à décrypter et à disséquer le système juridique particulier auquel est soumis le Cameroun, devenu territoire sous tutelle de l’Organisation des Nations unies au lendemain du second conflit mondial. Des villages camerounais les plus reculés jusqu’à la tribune des Nations unies, où il est convié à trois reprises entre 1952 et 1954, il explique sans relâche que le droit, aussi bien français qu’international, est dans le camp de l’UPC. La France n’a dès lors aucune légitimité pour s’imposer plus longtemps à une nation qui veut être enfin maîtresse de son destin. Ce qui frappe quand on lit les textes et les discours du leader de l’UPC, et ce qui les rend aujourd’hui un peu moins attractifs que ceux d’autres grandes figures de l’époque, c’est l’absence de formules abstraites et de lyrisme vague. Pragmatique, Um Nyobè reste toujours au plus près des préoccupations concrètes de son auditoire, enchaînant minutieusement les faits, les chiffres, les dates ou les articles de loi[6](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-6-2465). Utilisant la Raison comme une arme de combat contre ceux-là même qui ont toujours cru en être les dépositaires exclusifs, Ruben Um Nyobè bouleverse l’ordre colonial non seulement dans ce qu’il a de plus odieusement visible mais jusque dans l’imaginaire des colonisés eux-mêmes[7](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-7-2465). L’influence d’Um Nyobè dépasse rapidement le strict cadre camerounais : fervent partisan de la coordination des mouvements anti-colonialistes, il devient au cours des années 1950 une des icônes internationales du tiers-mondisme naissant. C’est sans doute la force de cette entreprise de subversion globale qui déterminera l’administration française, à court d’arguments, à recourir à la force brute pour faire taire celui qui apparaît comme le leader le plus charismatique du nationalisme camerounais. Si Um Nyobè et ses camarades avaient déjà eu à subir à de nombreuses reprises la brutalité et l’arbitraire colonial, le tournant décisif a lieu en 1955 avec l’arrivée au Cameroun d’un nouveau Haut-Commissaire, Roland Pré, qui a pour mission, dès son arrivée au territoire, d’éradiquer l’UPC par tous les moyens. A la suite des provocations répétées de l’administration, le Cameroun est secoué par des semaines d’émeutes sanglantes en mai 1955. Comme l’avait prédit avec une stupéfiante prescience Um Nyobè quelques années plus tôt, l’agitation sociale et politique sert aussitôt de prétexte au gouvernement français pour faire interdire l’UPC. Le 13 juillet 1955, l’UPC et ses organisations annexes sont déclarées illégales. Poussée à la clandestinité, l’Union des populations du Cameroun se disperse. Ruben Um Nyobè se réfugie dans sa région natale, tandis que les autres responsables – parmi lesquels Félix Moumié, Abel Kingue et Ernest Ouandié – fuient au Cameroun sous administration britannique. ![Image 3: Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2007/08/messmer.jpg) Pierre Messmer La clandestinité forcée constitue une rude épreuve pour Um Nyobè, la précarité du maquis ne pouvant que réduire la portée de son verbe et affaiblir la puissance de ses arguments. Il parvient néanmoins à restructurer l’UPC et à maintenir, contre vents et marées, l’unité de sa direction. Son objectif restera toujours de permettre la réintégration du parti dans le jeu légal qu’il savait être, étant donné le rapport de force, le seul espace susceptible de permettre à terme l’émancipation de son pays. La voie est pourtant étroite : tandis que l’administration tente en vain d’ultimes manœuvres pour rallier Um Nyobè à la cause française, les upécistes exilés au Cameroun britannique penchent de plus en plus pour une stratégie de lutte armée inspirée des modèles indochinois ou algérien. Acculé, Ruben Um Nyobè – qui avait toujours soutenu que la lutte armée au Cameroun était « dépassée » puisque la force du droit devait, selon lui, suffire à faire triompher la cause nationale – accepte finalement, mais sans conviction, la création d’une structure armée fin 1956. Mais la situation devient rapidement désespérée pour les nationalistes camerounais : face à une « rébellion » sans armes, l’armée française s’engage, sous l’impulsion du nouveau Haut-commissaire [Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/2233), dans une répression brutale dont Um Nyobè sera, le 13 septembre 1958, une victime essentielle. Quelques jours seulement après la mort de Mpodol et alors que la Constitution de Ve République vient d’être adoptée, la France annonce aux Camerounais, maintenant que « l’hypothèque Um Nyobè » est levée, qu’elle accordera l’indépendance à leur pays le 1er janvier 1960. La métropole confiera cette « indépendance » à ceux qui l’avaient le moins demandé – lesquels combattront pendant des années, avec acharnement, et toujours avec l’aide de la France, tous ceux qui resteront fidèles, les armes à la main ou par d’autres moyens, au message d’Um Nyobè. Un message qui reste d’ailleurs d’une brulante actualité dans un pays bâillonné par un pouvoir corrompu et une pauvreté entretenue où les émeutes sociales et politiques sont, encore aujourd’hui, systématiquement réprimées. Un pays qui devra, pour reprendre les termes d’Achille Mbembe après la répression des émeutes de février 2008[8](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-8-2465), savoir « _réveiller le potentiel insurrectionnel_ » que Ruben Um Nyobè en son temps avait su allumer[9](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-9-2465). **Thomas Deltombe** \_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_ -------------------------------------------------- «Comme si le pays n’avait pas d’histoire» ----------------------------------------- par Fanny Pigeaud[10](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-bottom-10-2465) Aujourd’hui, la guerre qui a ensanglanté le Cameroun, tout comme le nom d’Um Nyobè et de ses camarades, sont rarement évoqués. Il n’existe aucun monument pour rappeler leur combat. Ils ne sont que brièvement mentionnés dans les manuels d’histoire. Cette indifférence vis-à-vis des héros de l’indépendance fait du Cameroun «_un cas à part en Afrique_», souligne l’historien Tchumtchoua. «_Il y a en réalité deux mémoires en conflit : celle, idéalisée, de l’UPC, et celle que veut fabriquer le pouvoir pour se maintenir. Selon cette dernière, les “upécistes” n’étaient rien d’autres que des bandits._» Quant à ceux qui ont survécu à cette période, «_ils ont du mal à raconter, et ceux qui racontent un peu ne le font pas avec sérénité. Les plaies sont encore béantes. Beaucoup sont encore traumatisés et ont peur_», observe Henriette Ekwé. Résultat, la jeunesse camerounaise ne sait pas grand-chose de ces années sombres qui ont pourtant orienté la suite du parcours du pays. «_C’est comme s’il n’y avait pas d’histoire, or un pays sans histoire est comme une maison sans fondations_», déplore un ancien résistant, qui, comme les autres, vit aujourd’hui dans la misère. «_La période propice à l’émergence de notre conscience est en train d’arriver_», estime cependant Tchumtchoua. «_Tout se dira alors. On aura certes perdu des détails, mais l’histoire ne peut pas s’effacer. Il y a des mécanismes pour garder le souvenir : des berceuses et des chants évoquent d’une manière indirecte cette période._» Déjà, une petite association composée d’anciens upécistes, de veuves et d’orphelins de résistants, l’Association des vétérans du Cameroun (Asvecam), a vu le jour, en 2005 à Douala, pour «_poser le devoir de mémoire_». «_Nous voulons faire comprendre aux jeunes qu’il y a eu des hommes de cœur, des altruistes qui se sont mis au service de leur pays sans attendre de manière immédiate une récompense ou une compensation_», explique un de ses membres. Mais pour que les jeunes puissent se référer à ces figures, «_il faut faire leur deuil, ce qui n’a jamais été fait : on ne les a pas enterrées, ni pleurées comme il le fallait_, rappelle Tchumtchoua. _Um Nyobè et Ouandié n’ont pas été inhumés selon les rituels traditionnels. Au contraire, on s’est acharné sur leurs cadavres, et en procédant ainsi, on leur a dénié le titre d’ancêtres. Ceux qui l’ont fait savaient ce qu’ils faisaient._» Rien ne se fera probablement sous le régime Biya, qui n’est que «_le prolongement du régime néocolonial d’Ahidjo_», souligne Henriette Ekwé. «_D’autant que des responsables actuels de l’armée ou de la police ont été de grands tueurs dans les années 60._»Ce n’est probablement pas non plus le pouvoir actuel qui demandera à la France de «_reconnaître les massacres qu’elle a commis au Cameroun_», déplore le président de l’Asvecam, Mathieu Njassep, ancien secrétaire d’Ernest Ouandié. Pourtant, «_les responsabilités doivent être établies_, plaide-t-il. _Nous reconnaissons, nous, que certains de nos camarades ont fait des choses qui n’étaient pas correctes. Chaque partie doit assumer sa part de responsabilité._» Mais en France le black-out est total. «_C’est incalculable le nombre de fois où nous nous sommes vus répondre, que ce soit par des personnes qui ont travaillé du côté de l’armée française, des services de renseignements ou des responsables politiques :_ “Mais il ne s’est rien passé au Cameroun !” _Comme s’il y avait un pacte qui dit qu’il ne faut rien raconter. C’est assez troublant_», témoigne Gaëlle Le Roy, auteure, avec Valérie Osouf, du documentaire _Autopsie d’une indépendance_ (2008). Aucun militaire français présent dans le pays entre 1955 et 1964 n’a accepté de témoigner. **Fanny Pigeaud** [![Image 4: Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2007/08/messmer-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2007/08/messmer.jpg) Pierre Messmer [![Image 5: ruben_um_nyobe.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2008/09/ruben_um_nyobe-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2008/09/ruben_um_nyobe.jpg) 1. Thomas Deltombe, journaliste indépendant, a publié : * _L’islam imaginaire : La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_, éd La Découverte, 2007. * _Au nom du 11 septembre… : Les démocraties à l’épreuve du terrorisme_, par Didier BIGO, Laurent BONELLI et Thomas DELTOMBE, éd. La Découverte, sept. 2008. Réunissant les contributions d’une trentaine de spécialistes, cet ouvrage montre à quel point la lutte antiterroriste est devenue centrale dans la vie politique des Etats démocratiques. Et comment les acteurs en charge de cette lutte façonnent un monde d’opérations militaires, d’extension de la surveillance, de pratiques d’exception et de désinformation. Cet ouvrage permet ainsi de mesurer le chemin parcouru par les démocraties occidentales pour limiter les libertés au nom de la sécurité. L’article ci-dessus a été publié le 13 septembre 2008 dans la «valise diplomatique» du _Monde diplomatique_ : [http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun](http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun).[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-1-2465) 2. Achille Mbembe, _La naissance du maquis au Sud Cameroun_, 1920-1960 : histoire des usages de la raison en colonie, Karthala, Paris, 1996.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-2-2465) 3. Claude Gérard, _Les pionniers de l’indépendance_, Editions Inter-Continents, 1975, p 126.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-3-2465) 4. Gaston Donnat, _Afin que nul n’oublie. Itinéraire d’un anti-colonialiste. Algérie, Cameroun_, Afrique, L’Harmattan, Paris, 2000.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-4-2465) 5. Richard Joseph, _Le mouvement nationaliste au Cameroun : les origines sociales de l’UPC_, Karthala, Paris, 1986, p 108.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-5-2465) 6. Voir les textes rassemblés par Achille Mbembe : _Le problème national camerounais_ (L’Harmattan, 1984) et _Écrits sous maquis_ (L’Harmattan, 1989).[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-6-2465) 7. Voir Achille Mbembe, op. cit.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-7-2465) 8. Voir Matthieu Tébuché, «[Triste bilan au Cameroun](http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-03-04-Cameroun)», 4 mars 2008.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-8-2465) 9. Achille Mbembe : « L’Upc représente le potentiel insurrectionnel de la lutte qu’il faut réactiver », _Le Messager_, Douala, 16 avril 2008.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-9-2465) 10. Extrait de «Cameroun 1958, la guerre cachée de la France», _Libération_, le 17 septembre 2008.[](https://histoirecoloniale.net/il-y-a-cinquante-ans-ruben-um/#easy-footnote-10-2465) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Pierre Messmer](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-messmer/), [Ruben Um Nyobè](https://histoirecoloniale.net/tag/ruben-um-nyobe/), [Union des populations du Cameroun (UPC)](https://histoirecoloniale.net/tag/union-des-populations-du-cameroun-upc/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) <\*\>Thomas Deltombe, journaliste indépendant, a publié : * _L’islam imaginaire : La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_, éd La Découverte, 2007. * _Au nom du 11 septembre… : Les démocraties à l’épreuve du terrorisme_, par Didier BIGO, Laurent BONELLI et Thomas DELTOMBE, éd. La Découverte, sept. 2008. Réunissant les contributions d’une trentaine de spécialistes, cet ouvrage montre à quel point la lutte antiterroriste est devenue centrale dans la vie politique des Etats démocratiques. Et comment les acteurs en charge de cette lutte façonnent un monde d’opérations militaires, d’extension de la surveillance, de pratiques d’exception et de désinformation. Cet ouvrage permet ainsi de mesurer le chemin parcouru par les démocraties occidentales pour limiter les libertés au nom de la sécurité. L’article ci-dessus a été publié le 13 septembre 2008 dans la «valise diplomatique» du _Monde diplomatique_ : [http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun](http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun). Achille Mbembe, _La naissance du maquis au Sud Cameroun_, 1920-1960 : histoire des usages de la raison en colonie, Karthala, Paris, 1996. Claude Gérard, _Les pionniers de l’indépendance_, Editions Inter-Continents, 1975, p 126. Gaston Donnat, _Afin que nul n’oublie. Itinéraire d’un anti-colonialiste. Algérie, Cameroun_, Afrique, L’Harmattan, Paris, 2000. Richard Joseph, _Le mouvement nationaliste au Cameroun : les origines sociales de l’UPC_, Karthala, Paris, 1986, p 108. Voir les textes rassemblés par Achille Mbembe : _Le problème national camerounais_ (L’Harmattan, 1984) et _Écrits sous maquis_ (L’Harmattan, 1989). Voir Achille Mbembe, op. cit. Voir Matthieu Tébuché, «[Triste bilan au Cameroun](http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-03-04-Cameroun)», 4 mars 2008. Achille Mbembe : « L’Upc représente le potentiel insurrectionnel de la lutte qu’il faut réactiver », _Le Messager_, Douala, 16 avril 2008. Extrait de «Cameroun 1958, la guerre cachée de la France», _Libération_, le 17 septembre 2008.
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
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La Guerre Coloniale Du Cameroun A
La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/la-guerre-coloniale-du-cameroun-a/#content) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu ============================================== * 21/11/2011 Sans surprise, Paul Biya, 78 ans, a été « réélu » le 9 octobre dernier pour un sixième mandat avec près de 78% des voix... Le conseil électoral (Elecam) a annoncé un taux d’abstention de 34%, alors que Transparency International l'a évalué à 70%[1](https://histoirecoloniale.net/la-guerre-coloniale-du-cameroun-a/#easy-footnote-bottom-1-3713), mais, selon Alain Juppé, l'élection s'est déroulée « _dans des conditions acceptables_[2](https://histoirecoloniale.net/la-guerre-coloniale-du-cameroun-a/#easy-footnote-bottom-2-3713)». Cette déclaration illustre la persistance de «_relations spéciales_» entre la France et son ancienne colonie d'Afrique centrale. D'ailleurs, interrogé en 2009 à Yaoundé au sujet de la participation des forces françaises à la répression contre les indépendantistes au cours des années 50 et 60, le premier ministre François Fillon avait évoqué à ce propos de « _pures inventions_». Dans une [question écrite](https://histoirecoloniale.net/la-guerre-coloniale-du-cameroun-a/4555) posée le 12 juillet 2011, un député a demandé au ministre des Affaires étrangères «s'il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l'écrivent les responsables militaires français de l'époque eux-mêmes». Dans l'attente d'une réponse du ministre, vous pourrez prendre connaissance d'une réaction à cette interrogation. La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu ---------------------------------------------- _Le Monde_ du 5 octobre 2011 A moins d’un improbable coup de théâtre, Paul Biya, 78 ans, président du Cameroun depuis 1982, sera « réélu » pour un nouveau septennat le 9 octobre prochain. Malgré les fraudes électorales, les journalistes emprisonnés, les opposants menacés et une corruption omniprésente, il aura droit aux félicitations de Paris, comme cela a toujours été le cas depuis trente ans. Paul Biya est arrivé au pouvoir sans jamais avoir été élu, ni s’être jamais présenté à la moindre élection. Il a simplement été désigné par son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, qui gouverna lui aussi son pays d’une main de fer. A l’origine de ce demi-siècle de dictature, on trouve une guerre. Une terrible guerre coloniale menée par l’armée française, une guerre cachée et encore taboue aujourd’hui, qu’il nous appartient à nous, Camerounais comme Français, de regarder en face. Avant et après la proclamation officielle de l’indépendance de ce pays, le 1er janvier 1960, Paris a tout essayé pour briser les mouvements qui, portés principalement par l’Union des populations du Cameroun (UPC), réclamaient une indépendance réelle respectant la souveraineté populaire. Dans ce territoire placé sous la tutelle de l’ONU en 1946 – mais administré par la France et le Royaume-Uni -, la IVe République, sous les ordres de François Mitterrand, Gaston Defferre ou Pierre Messmer, a déclenché une véritable guerre au milieu des années 1950. Bâillonnement de l’opposition, création de milices sanguinaires, torture à grande échelle, déplacement des populations, guerre psychologique, assassinats : les méthodes de la « guerre révolutionnaire » – et parfois les hommes chargés de les appliquer – sont les mêmes que celles mises en oeuvre au même moment en Algérie. La Ve République du général de Gaulle a poursuivi la même politique de répression après l' »indépendance » confiée au candidat choisi par Paris, le président Ahmadou Ahidjo. En accentuant encore la guerre à l’ouest du pays à l’aide de bombardements intensifs, qui mirent à feu et à sang toute la région « bamiléké ». Combien de morts ce terrible conflit a-t-il provoquées ? De 61 000 à 76 000, comme l’estimait l’ambassade du Royaume-Uni en 1964 ? 120 000, comme le rapportait deux ans plus tôt André Blanchet, alors journaliste au _Monde_ ? Davantage, comme l’affirment certains commentateurs ? Dénoncée depuis des décennies et aujourd’hui largement documentée, cette guerre reste un tabou français. Le mot lui-même, pourtant utilisé à l’époque par les militaires pour décrire leur action, est banni du vocabulaire officiel, qui ne retient que les mots de _« troubles »_, d’_« émeutes »_, de _« guerre civile »_ et, parfois, d’affrontements _« ethniques »_. En 1972, la France de Pompidou interdisait _Main basse sur le Cameroun_ (éd. Maspero), l’essai de l’écrivain camerounais Mongo Beti, qui dénonçait déjà ces atrocités et la responsabilité de Paris. On retrouve cette négation, officiellement exprimée, dans la bouche de François Fillon en mai 2009. Interrogé sur ces _« événements »_ et, notamment, sur l’_« assassinat par l’armée française de certains nationalistes camerounais »_, le premier ministre osa dire que _« tout cela »_ relevait _« de la pure invention »_. L’armée française a pourtant, d’après ses propres archives, assassiné Ruben Um Nyobé, secrétaire général et leader charismatique de l’UPC, en septembre 1958. Ses services secrets ont, comme l’ont avoué plusieurs de leurs responsables, fait empoisonner à Genève Félix-Roland Moumié, président de l’UPC, en octobre 1960. L’aviation française a, toujours d’après les archives françaises, tiré à l’ouest du Cameroun des centaines de milliers de cartouches entre décembre 1959 et septembre 1960… Que M. Fillon aille vérifier par lui-même : les archives françaises regorgent de « pures inventions » de ce type. Si, encore aujourd’hui, le gouvernement français ment aussi effrontément, c’est parce que ce passé reste d’une actualité brûlante. M. Biya, formé à l’École nationale de la France d’outre-mer au moment où la répression battait son plein au Cameroun, avant d’entrer au cabinet d’Ahidjo, de devenir son secrétaire général puis son premier ministre, est toujours au pouvoir aujourd’hui. Soutenu à bout de bras par la France malgré une répression aussi sournoise que permanente des mouvements populaires, il a autoritairement modifié la Constitution camerounaise en 2008 pour briguer un nouveau septennat. Au même moment, alors que la jeunesse camerounaise se soulevait contre ce coup d’État constitutionnel et contre la misère entretenue par le régime, son armée et sa police noyaient la révolte dans le sang, faisant plus d’une centaine de morts. Sans aucune réaction ou presque de la communauté internationale. Nicolas Sarkozy martèle depuis des années que la France ne doit plus se _« repentir »_. _« Nul_, affirmait-il dans son fameux discours de Dakar en 2007, _ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères. »_ Mais personne ne demande cela. Ce dont il s’agit, c’est d’en finir avec la falsification de l’Histoire : la France de 2011 doit admettre qu’elle a mené une guerre au Cameroun. Elle doit ouvrir entièrement ses archives, soutenir les travaux des chercheurs français et camerounais qui veulent connaître leur histoire, et participer, avec les autorités camerounaises, à la sauvegarde des archives de ce conflit, qui pourrissent à grande vitesse au Cameroun. En février 2005, l’ambassadeur de France en Algérie a reconnu la _« tragédie inexcusable »_ des massacres de Sétif et Guelma en 1945. La même année, Jacques Chirac est allé à Madagascar reconnaître la responsabilité de la France dans la terrible répression de 1947. Qui ira au Cameroun pour dire – simplement dire – une réalité historique : la France y a mené une guerre ? Cette démarche impliquera sans doute de reconnaître que cette guerre a enfanté une dictature implacable, c’est-à-dire une autre forme de guerre, permanente, contre un peuple entier. Mais à l’heure où les dirigeants français prétendent promouvoir la démocratie dans le monde arabe, ne serait-il pas cohérent de reconnaître la responsabilité majeure de la _« patrie des droits de l’homme »_ dans la guerre qui a embrasé le Cameroun et y a installé depuis cinq décennies une dictature sanglante typique de la Françafrique ? > **Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa**, auteurs de _« Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) »_ (La Découverte, 2011) ; > > **François Gèze**, PDG des Editions La Découverte ; > > **Ambroise Kom**, professeur des universités ; > > **Achille Mbembe**, professeur de science politique à l’université du Witwatersrand (Johannesburg) ; > > **Odile Tobner**, écrivain. * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Paul Biya](https://histoirecoloniale.net/tag/paul-biya/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) Référence : [http://www.camer.be/index1.php?art=16378&rub=6:1](http://www.camer.be/index1.php?art=16378&rub=6:1). Déclaration à l'Assemblée nationale le 11 octobre.
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
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La France A T Elle Mene Une Guerre
La France et la guerre au Cameroun (1957-1963) =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#content) ![Image 1: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun-192x300.jpg) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) La France et la guerre au Cameroun (1957-1963) ============================================== * 19/07/2011 Noël Mamère, député EELV de Gironde, vient de demander au ministre des Affaires étrangères, « s'il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l'écrivent les responsables militaires français de l'époque eux-mêmes ». Nous saurons dans les semaines qui viennent si Alain Juppé adopte une attitude un peu plus ouverte à la recherche de la vérité historique que celle exprimée par François Fillon. Lors de son séjour à Yaoundé en 2009, le Premier ministre français avait balayé d’un revers de main la question de la responsabilité française dans la mort de nationalistes Camerounais, préférant n’y voir qu’une « pure invention ». Le pouvoir en France et au Cameroun, où l’héritier de l’indépendance confisquée, Paul Biya, postule pour un nouveau septennat en octobre prochain, semble toujours refuser de voir cette histoire en face. La vérité autour de cette guerre secrète, menée par la France pendant des années contre les indépendantistes camerounais de l’Union des populations du Cameroun, sera-t-elle un jour officiellement reconnue ? Pour Gilles Manceron, «plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun, cette histoire \[doit\] être revisitée». ![Image 2: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun.jpg) **_Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971_ ** Manuel DOMERGUE, Jacob TATSITSA, Thomas DELTOMBE [1](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-bottom-1-3508) éd. [La Découverte](http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Kamerun___-9782707159137.html), janvier 2011, 25 €, 742 pages Question écrite posée par Noël Mamère, publiée au _J. O._ le 12 juillet 2011 [2](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-bottom-2-3508) M. Noël Mamère attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les évéements survenus au moment de l’indépendance du Cameroun. Dans un ouvrage récent, _Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)_, deux journalistes français et un historien camerounais ont dénoncé la guerre coloniale et néocoloniale menée par la France contre les nationalistes de l’union des populations du Cameroun (UPC). Dans ce territoire sous tutelle dont l’ONU avait confié l’administration à la France et au Royaume-Uni jusqu’à son indépendance du 1er janvier 1960, les archives militaires françaises ainsi que de nombreux témoignages montrent que les gouvernements français de l’époque ont mené de violentes opérations de répression contre un parti interdit en 1955 et contre les populations civiles soupçonnées de le soutenir. Bombardements, tortures, exécutions extrajudiciaires, levée de milices, guerre psychologique, regroupement forcé de populations… Les méthodes employées sont celles qui avaient cours au même moment pendant la guerre d’Algérie. Leur emploi s’est poursuivi de longues années après l’indépendance du Cameroun, l’armée française continuant à commander, influencer et former l’armée camerounaise. Il lui demande donc s’il confirme que la France a bien mené une guerre au Cameroun entre 1957 et 1963, comme l’écrivent les responsables militaires français de l’époque eux-mêmes. Interrogé à ce sujet en 2009 à Yaoundé, le Premier ministre François Fillon a parlé de  » pures inventions « . Il souhaite savoir si cette appréciation est la position officielle de la France au sujet de cette période douloureuse de l’histoire franco-camerounaise. [La guerre du Cameroun, François Fillon et la…](http://www.dailymotion.com/video/xjpo4l_la-guerre-du-cameroun-francois-fillon-et-la-pure-invention-yaounde-mai-2009_news) _par [Kamerun-lesite](http://www.dailymotion.com/Kamerun-lesite)_ Plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun, une histoire qui mérite d’être revisitée ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- par Gilles Manceron, historien[3](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-bottom-3-3508) Avec force faits et arguments, ce livre – _Kamerun !, Une guerre cachée aux origines de la Francafrique, 1948-1971_[4](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-bottom-4-3508) – démontre à travers le cas du Cameroun que, contrairement au discours officiel sur la «décolonisation pacifique» de l’Afrique, la France n’a pas quitté ce continent en laissant ses anciennes colonies devenir indépendantes. Mais, faisant mine de partir pour mieux rester, elle a mis en place partout où elle le pouvait des régimes qu’elle contrôlait. Quitte à mener, comme au Cameroun, une guerre coloniale qui a fait des dizaines de milliers de morts. Une guerre qui a opposé les autorités françaises au parti indépendantiste de l’Union des populations du Cameroun (UPC). Le mérite de ce livre est de restituer les étapes de cette guerre, qui a commencé en même temps que celle d’Algérie et avec les mêmes méthodes, et qui a duré jusqu’en 1971. Une guerre totalement effacée, en France, de la mémoire officielle, et qui est encore un sujet tabou au Cameroun, où elle enfanta une terrible dictature. Pendant quatre ans, les auteurs, deux journalistes, Thomas Deltombe et Manuel Domergue, et un enseignant camerounais, Jacob Tatsitsa, ont enquêté en France et au Cameroun. Ils ont retrouvé de nombreux témoins : militaires français et camerounais, combattants nationalistes, rescapés des massacres. Dans les archives, ils ont consulté des milliers de documents qui leur ont permis de reconstituer les faits. Notamment comment ont été assassinés, l’un après l’autre, les leaders de l’UPC: Ruben Um Nyobé en 1958, Félix Moumié en 1960 et Ernest Ouandié en 1971. Comment l’administration et l’armée française et ses exécutants locaux ont mené, pendant des années, une effroyable répression : bombardement des populations, escadrons de la mort pratiquant des assassinats ciblés, lavage de cerveau pour retourner les rebelles faits prisonniers, et torture généralisée. Plus de cinquante ans après la pseudo-indépendance accordée au Cameroun le 1er janvier 1960, cette histoire mérite d’être revisitée. C’est celle de la naissance de la Françafrique, qui a persisté sous les différents présidents de la Ve République. Et aussi celle d’un régime «ami de la France» en guerre perpétuelle contre son propre peuple, d’une dictature qui a duré vingt-deux ans sous Ahmadou Ahidjo, et de près de trente sous Paul Biya, dont ce livre décrit la genèse et la mise en place. Travail indispensable pour que les Français comprennent mieux ce que masquait le consensus colonial, et que les Camerounais puissent connaître la fin de ce régime et accéder pour de bon à l’indépendance et à la démocratie. [![Image 3: kamerun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2011/01/kamerun.jpg) 1. Une présentation de [4257](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/4257). Les auteurs : Thomas Deltombe, journaliste indépendant, est l’auteur de _L‘islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_ (La Découverte, 2005). Manuel Domergue est journaliste au magazine _Alternatives économiques_. Jacob Tatsitsa, enseignant, est doctorant en histoire à l’université de Yaoundé-I.[](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-1-3508) 2. La question écrite N° 114033 de Noël Mamère a reçu, le 13 décembre 2011, une réponse exprimée dans le plus pur style “langue de bois” : [http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-114033QE.htm](http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-114033QE.htm).[](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-2-3508) 3. Source : Note de lecture, publiée dans _[Hommes et Libertés](http://www.ldh-france.org/-Revue-Hommes-Libertes-)_ N° 154, avril mai juin 2011[](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-3-3508) 4. [](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/#easy-footnote-4-3508) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [Françafrique](https://histoirecoloniale.net/tag/francafrique/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Livre](https://histoirecoloniale.net/tag/livre/), [Noël Mamère](https://histoirecoloniale.net/tag/noel-mamere/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) Une présentation de [4257](https://histoirecoloniale.net/la-france-a-t-elle-mene-une-guerre/4257). Les auteurs : Thomas Deltombe, journaliste indépendant, est l’auteur de _L‘islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005_ (La Découverte, 2005). Manuel Domergue est journaliste au magazine _Alternatives économiques_. Jacob Tatsitsa, enseignant, est doctorant en histoire à l’université de Yaoundé-I. La question écrite N° 114033 de Noël Mamère a reçu, le 13 décembre 2011, une réponse exprimée dans le plus pur style “langue de bois” : [http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-114033QE.htm](http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-114033QE.htm). Source : Note de lecture, publiée dans _[Hommes et Libertés](http://www.ldh-france.org/-Revue-Hommes-Libertes-)_ N° 154, avril mai juin 2011 <1\>
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
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Cameroun Une Guerre Toujours Niee
Cameroun : une guerre toujours niée =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#content) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/cameroun/) Cameroun : une guerre toujours niée =================================== * 05/11/2013 Lors d'une conférence de presse tenue le 21 mai 2009 à Yaoundé, François Fillon, alors premier ministre, avait qualifié de « _pures inventions_» l'évocation d'une [guerre menée par la France au Cameroun](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/4555) de 1957 à 1963. Le point de vue officiel sur cette guerre coloniale semble ne pas avoir changé depuis lors. En effet, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a répondu le 23 juillet 2013 à une question écrite portant sur ce sujet en invoquant «_la responsabilité de la sécurité intérieure de ce territoire_» que «_les autorités françaises de l'époque ont eu à assumer_» dans le cadre du mandat reçu de la Société des nations. Il s'est contenté d'ajouter que « _la période évoquée appartient à l'Histoire et aux historiens à qui il appartient désormais d'exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période_». Ci-dessous la réaction de l'association Survie. **_Guerre française au Cameroun : la France toujours dans le déni_** Publié le 4 novembre 2013 sur le site de [Survie](http://survie.org/billets-d-afrique/2013/227-septembre-2013/article/guerre-francaise-au-cameroun-la-4533) Ce qu’il y a de plus troublant avec nos socialistes de gouvernement, c’est qu’on ne sait jamais exactement s’ils font de l’humour ou s’ils se vautrent simplement dans le cynisme le plus répugnant. Tel est du moins l’état d’esprit dans lequel on se trouve en lisant [la réponse que le gouvernement a apportée, le 23 juillet dernier, à une question écrite](http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-31918QE.htm) posée à l’Assemblée nationale par le député EELV Sergio Coronado. Ce dernier se demandait si le gouvernement de Jean-Marc Ayrault partageait l’opinion exprimée par François Fillon selon laquelle la guerre féroce que la France a menée au Cameroun dans les années 1950 et 1960 relevait, comme l’affirmait crânement l’ancien Premier ministre en 2009, d’une « pure invention » [1](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-bottom-1-4532) Rappelons que cette guerre, qui a fait selon les rapports militaires français eux-mêmes plusieurs dizaines de milliers de morts, a eu pour fonction d’écraser le mouvement nationaliste camerounais, porté par l’Union des Populations du Cameroun (UPC), pour installer un régime « _ami_ » à Yaoundé. Ou, comme l’écrira plus tard Pierre Messmer, Haut-Commissaire de la France à Yaoundé de 1956 à 1958 : « _La France accordera l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus d’intransigeance_ » [2](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-bottom-2-4532). La question de Coronado – qui s’intéressait à un sujet déjà soulevé deux ans plus tôt par Noël Mamère – était d’autant plus légitime que les témoignages et les études s’accumulent ces dernières années, qui prouvent aujourd’hui de façon aussi précise qu’irréfutable que, pour « _éliminer_ » leurs opposants camerounais, « _les gouvernements français de l’époque ont mené de violentes opérations de répression contre_ \[l’UPC\] _et contre les populations civiles soupçonnées de_ \[la\] _soutenir_ ». Parmi ces méthodes, le député relevait, entre autres, les bombardements intensifs auxquels les populations furent soumises, la vaste politique de regroupement forcé de villageois dans des villages militarisés, la mise en place d’une guerre psychologique de grande ampleur et d’un système de torture généralisée, les multiples exécutions extrajudiciaires recensées et les forfaits des sanguinaires milices profrançaises3. Bref, un arsenal analogue à celui qui était déployé, au même moment, en Algérie… Réponse, donc, du ministère des Affaires Étrangères à Coronado : circulez, il n’y a rien à voir. Après avoir disserté sur les lourdes « _responsabilités_ » de la France à l’époque coloniale et mentionné la « _renégociation_ » des accords de défense franco-camerounais, les petits malins du Quai d’Orsay ne s’intéressent à la question posée par le député Vert que pour le renvoyer « _aux historiens à qui il appartient désormais d’exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période._ » Plus intéressant encore : la réponse du Quai d’Orsay (version Laurent Fabius) reprend mots pour mots…[celle qu’avait formulée deux ans plus tôt](http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-114033QE.htm) le même Quai d’Orsay (version Alain Juppé) à la question de Noël Mamère ! Faut-il expliquer aux services du ministère des Affaires étrangères que des dizaines de chercheurs, journalistes, militants ont déjà publié des quantités d’études et enregistré des centaines de témoignages qui, tous, confirment que la France s’est livrée à des atrocités au Cameroun dans les années qui ont précédé et suivi l’indépendance de ce pays, le 1er janvier 1960 ? Non, il faut simplement comprendre que le pouvoir socialiste, droit dans ses bottes juppéo-sarkozistes, n’a nullement l’intention de suivre le chemin de vérité et de justice auquel a par exemple consenti le Premier ministre britannique David Cameron, pourtant ultra-conservateur, qui reconnaissait en juin dernier, devant la chambre des Communes, les crimes perpétrés par les Britanniques dans les années 1950 au Kenya au cours de la répression des Mau Mau [3](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-bottom-3-4532). Imaginons même un instant qu’il faille encore attendre ces mystérieux « historiens » auxquels font appel les gouvernements français successifs cherchant désespérément à nier l’évidence [4](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-bottom-4-4532). Les déclarations des officiels français qui, à l’instar des anciens Premiers ministres Michel Debré ou Pierre Messmer ou des militaires Jean Lamberton ou Max Briand, se glorifiaient ouvertement dans leurs Mémoires ou dans leurs rapports d’avoir noyé le nationalisme camerounais dans le sang, ne justifieraient-elles pas à elles seules une enquête interne du côté, par exemple, des archives militaires de Vincennes ? Malheureusement, et on le sait depuis longtemps, les héritiers de Guy Mollet et de François Mitterrand n’aiment pas plus que leurs homologues pétainistes ou gaullistes ces basses besognes. Outre qu’on risque de se salir les doigts sur de vieilles encres et dans des dossiers poussiéreux, cela imposerait de déroger à la règle d’or du socialisme de gouvernement. Lequel met un point d’honneur à toujours servir les puissants… en évitant soigneusement de rendre justice aux « _vaincus de l’Histoire_ ». rédigé le 1er septembre 2013 par Alain Batchy 1. Conférence de presse, Yaoundé, 21 mai 2009.[](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-1-4532) 2. [Question au gouvernement n° 31918 du 9 juillet 2013](http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-31918QE.htm). Pour une synthèse, voir Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (19481971), La Découverte, Paris, 2011.[](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-2-4532) 3. Et débloquait au passage une vingtaine de millions de livres sterling pour tenter de « dédommager » les survivants – voir [cette page](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/5435).[](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-3-4532) 4. Insultant au passage les travaux réalisés par Mongo Beti, Achille Mbembe, Richard Joseph, Abel Eyinga, Piet Konings, Meredith Terretta, et tant d’autres, parmi lesquels ces dizaines de jeunes historiens camerounais qui recensent depuis des années des témoignages sur les atrocités commises à cette époques par les troupes françaises et leurs supplétifs.[](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/#easy-footnote-4-4532) * [Cameroun](https://histoirecoloniale.net/tag/cameroun/), [François Fillon](https://histoirecoloniale.net/tag/francois-fillon/), [Guerre du Cameroun (1955-1963)](https://histoirecoloniale.net/tag/guerre-du-cameroun-1955-1963/), [Laurent Fabius](https://histoirecoloniale.net/tag/laurent-fabius/), [Rapport au passé colonial](https://histoirecoloniale.net/tag/rapport-au-passe-colonial/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) Conférence de presse, Yaoundé, 21 mai 2009. [Question au gouvernement n° 31918 du 9 juillet 2013](http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-31918QE.htm). Pour une synthèse, voir Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (19481971), La Découverte, Paris, 2011. Et débloquait au passage une vingtaine de millions de livres sterling pour tenter de « dédommager » les survivants – voir [cette page](https://histoirecoloniale.net/cameroun-une-guerre-toujours-niee/5435). Insultant au passage les travaux réalisés par Mongo Beti, Achille Mbembe, Richard Joseph, Abel Eyinga, Piet Konings, Meredith Terretta, et tant d’autres, parmi lesquels ces dizaines de jeunes historiens camerounais qui recensent depuis des années des témoignages sur les atrocités commises à cette époques par les troupes françaises et leurs supplétifs.
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